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ACTUALITES / Handicap

Apprendre à vivre avec les autres

Être Citoyen, c’est aussi s’ouvrir à l’extérieur, être intégré dans la société et parvenir à vivre en bonne entente avec les autres. Mais pour apprendre à respecter l’altérité, il faut commencer par être bien avec soi-même.

C’est là tout le programme et le défi des professionnels du SESSAD au DITEP de Tressin :
Accompagner les enfants au plus près de leur lieu de vie quotidien
Faciliter l’entrée en relation avec l’autre
Leur permettre de se réinscrire dans l’environnement proche dont ils ont parfois été exclus

Vivre avec les autres : un défi à relever

«J’ai 11 ans et je viens au SESSAD deux fois par semaine. Il y a d’autres enfants ici, mais moi, je suis pas très collectif. Dans mon école, avant, je me faisais harceler. Quand il y a des enfants, je n’ai pas trop envie de leur parler. J’ai pas peur mais j’ai un peu de mal. » – Estéban

«Moi, mes émotions, c’est souvent la colère. À l’école, il y a un garçon qui m’énerve beaucoup. Et puis à la maison, mon petit frère m’énerve aussi parfois. Moi, j’essaye d’oublier ça. » – Zacharia

Difficultés relationnelles, émotions à canaliser, manque d’estime de soi… : les enfants accompagnés par les professionnels du SESSAD témoignent de problématiques multiples qui rendent compliquée l’insertion dans un groupe, et en particulier à l’école.

Pour les aider à surmonter leurs difficultés relationnelles, l’équipe d’éducateurs et thérapeutes met en œuvre des activités multiples où ils travaillent la frustration, la relation aux autres, la valorisation. Autant de leviers pour apprendre aux enfants à réagir autrement qu’en se repliant sur eux-mêmes, en frappant ou en criant.

L’équipe pédagogique : « Ici, on essaye de construire un univers rassurant. Les rencontres au SESSAD permettent aux enfants d’être face à eux-mêmes, à l’abri du regard des autres. On travaille beaucoup sur la frustration et la gestion des émotions, que ce soit par le jeu, par la réflexion ou la parole. On voit des évolutions sur la durée : par exemple, des enfants qui s’expriment de plus en plus, d’autres qui se posent et se calment. »

L’apprentissage de la citoyenneté : un travail quotidien

Au SESSAD de Tressin, l’apprentissage de la citoyenneté est un travail du quotidien qui passe beaucoup par le rituel. Dire bonjour, respecter les règles du collectif, comprendre les codes en fonction du milieu où l’on se trouve : tout cela se travaille et s’apprend !

Caroline Vandaele, orthophoniste
« J’anime un atelier thérapeutique sur le jeu. Ça permet de travailler énormément de choses : la frustration, l’empathie, le respect des règles, celui du matériel, le fait d’attendre son tour… Nous fonctionnons avec des rituels qui visent à développer le souci de l’autre. En début de séance, ils se saluent et se demandent mutuellement comment ils vont. À la fin, ils ont droit de dire un petit mot sur leur ressenti. »

Émilie Dubreucq, cheffe de service
« Quand on parle de respect, c’est un apprentissage qui commence dès l’entrée au SESSAD. Par exemple, on dit « bonjour » à la secrétaire. On leur apprend beaucoup les codes et notamment les codes de l’échange et du dialogue avec leurs pairs ou avec des adultes. Les éducateurs les accompagnent beaucoup en extérieur. Si on fait la route du domicile à l’école, on travaille sur le respect des règles de sécurité. Quand ils vont manger en extérieur, faire des courses pour la préparation des goûters ou au cinéma : tout cela, ce sont des occasions de travailler l’inscription dans la société civile. »

« Ici, c’est très bien pour moi, il y a beaucoup d’adultes pour nous. On est en sécurité. Moi, j’ai plein de problèmes, je suis un peu handicapé. Enfin, pas handicapé… mais quand même. J’ai des handicaps qui m’empêchent de réfléchir correctement et j’ai plein de rendez-vous pour m’améliorer. » – Estéban

Apprendre à s’exprimer

S’ouvrir au monde, oser prendre la parole, savoir exprimer son opinion et respecter celle des autres : un fondement de la citoyenneté que les professionnels travaillent, par exemple, à l’occasion de l’atelier philo.

Caroline Buisine, éducatrice spécialisée et Virginie Costier, professeure des écoles« Pendant l’atelier philo, les enfants trouvent les thèmes dont ils veulent discuter. Ensuite, on invente des supports pour qu’ils parviennent à échanger plus facilement. On peut mettre au travail des questions et des thèmes aussi divers que le harcèlement, la peur, recevoir un cadeau, la gentillesse… On essaye de leur montrer qu’ils ont le droit de parler, de donner leur avis et même d’en changer. On leur montre que leur avis compte mais on les accompagne pour qu’ils trouvent leur juste place. On veut faire en sorte qu’ils se sentent autorisés à réfléchir mais aussi qu’ils respectent la parole et les opinions des autres, même, et surtout, lorsqu’elles sont différentes. »

Se tourner vers l’extérieur : un fondement de l’inclusion

Au SESSAD de Tressin, l’accompagnement à l’extérieur est un fondement du travail des éducateurs : apprendre aux enfants à évoluer dans leur environnement proche, c’est aussi ce qui leur permettra de devenir des citoyens à part entière, inclus dans la société civile.

Hélène Samarcq et Nordine Ticherafi, éducateurs spécialisés
« D’une certaine manière, le SESSAD est un peu comme un tremplin où on pousse au maximum vers l’extérieur. Notre objectif, c’est vraiment la désinstitutionnalisation. Par exemple, il nous arrive très régulièrement de proposer aux jeunes d’aller faire les courses ou même de manger à l’extérieur. Ça nous permet de travailler l’autonomie. On leur apprend des choses du quotidien qui paraissent banales mais qui sont fondamentales : dire bonjour à la caissière, choisir et trouver les produits dans les rayons, payer correctement, savoir comment manger quand on est à l’extérieur, oser faire une demande aux serveurs, aller aux toilettes seuls… Ensuite, et autant que possible, on le raconte aux parents, on ramène cette expérience dans les familles en les incitant à la reproduire. »

 

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