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ACTUALITES / Protection de l'enfance

Être à l’écoute des autres

Ils s’appellent Steven, Matéo, Kévin, Kyllian, Alexia… Ils ont entre 13 et 18 ans et ont été reconnus coupables de délits. Vols, dégradation de biens, usage et commerce de stupéfiants : ils font désormais l’objet d’une mesure de réparation pénale.

Prononcée par le juge des enfants ou le procureur de la République au titre d’alternative aux poursuites pénales, cette mesure éducative rassemble professionnels (éducateurs spécialisés, référents éducatifs, psychologues, conseillers en insertion professionnelle, assistantes sociales…) et bénévoles autour du mineur pour lui permettre de :
– Favoriser le processus de responsabilisation en lui faisant prendre conscience de la portée de son acte et de l’existence de la loi
– Reconnaître la victime et le préjudice qu’elle a subi
– S’engager dans son parcours de réhabilitation et dans des actions au bénéfice de la collectivité afin de se réinscrire dans le corps social


Être à l’écoute de ses émotions pour réussir à les contenir

Patrick Sergeant, éducateur spécialisé
« Nous avons monté un projet de 3 ateliers pour travailler sur la question de la violence. Dans le premier, on confronte les jeunes au témoignage d’une victime de violences pour leur permettre d’entrer en contact avec le ressenti de ces personnes. Ça les confronte à leur propre comportement, ça les aide à reconnaître le délit qu’ils ont commis, ça les responsabilise. Ensuite, il y a un atelier sur le self control où on leur donne la possibilité d’exprimer leurs émotions mais aussi les moyens de prendre du recul et de les contenir. Enfin, il y a un dernier atelier sur les gestes de premiers secours où on les met en position de sauveur plutôt qu’auteur de violence. Ça les valorise et ça les aide à changer la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes. »

« Le plus souvent, je devenais violent quand on parlait de ma famille : alors je frappais directement les personnes et je n’arrivais pas à retenir ma colère. Maintenant, je vais dans ma chambre, j’écoute de la musique, ça fait retomber la pression. Parfois, je tape sur des objets, ça m’évite de taper sur les personnes. Je sais qu’il faudrait réagir avec humour face aux attaques mais c’est pas si simple. Quand on reçoit des insultes, la colère elle monte et on l’alimente. Quand elle grandit, ça devient de la rage et de la haine. C’est faisable de se battre contre soi, mais c’est pas facile.  » – Steven


Restaurer le lien avec les victimes et réparer son acte

Andréina Pignoni, psychologue
« Un des fondements de la réparation pénale, c’est le fait de réintroduire de l’altérité, de parvenir à rétablir du lien et du dialogue entre mineur et victime. Notre porte d’entrée c’est d’identifier ce qui a de la valeur émotionnelle pour le jeune, de passer par ce qui le touche. Donc on peut partir de la souffrance de ses proches, du regard qu’ils portent sur lui pour le faire cheminer petit à petit vers la souffrance des victimes. C’est l’émotion qui amène la prise de conscience. Ce n’est qu’à partir de là qu’on peut confronter les deux parties – le délinquant et sa victime – pour reconstruire le lien et tenter de réparer ce qui a été cassé. »


Charlotte Desmons, éducatrice spécialisée


« Là où on voit que le lien social fonctionne vraiment, c’est qu’il est très fréquent que les victimes acceptent ce mode de justice restaurative. Elles sont souvent assez ouvertes et elles relativisent le préjudice qu’elles ont subi. Par exemple, on a réussi à remettre en présence un propriétaire de garage qui avait été tagué avec le mineur auteur des faits et son père. Ils sont parvenus à un accord et le jeune, en compagnie de son référent éducatif, a repeint les portes qu’il avait dégradées. »

Trouver la bonne place dans on environnement proche

« Ne pas tomber dans la violence dans le quartier, c’est pas facile. Déjà, quand mes amis me demandent de faire des conneries, je le fais, j’ai du mal à dire non. Et puis, ici, si on répond pas, si on se défend pas dans le quartier, on passe pour un faible. Pourtant c’est vrai qu’il y a d’autres moyens de se défendre, par exemple avec la justice. Mais bon, c’est pas facile ». – Matéo

Nathalie Fournier, éducatrice spécialisée

« Nous avons monté un projet d’écocitoyenneté où on amène les jeunes à faire le lien entre écologie et citoyenneté. Dans le cadre de ce projet, on les a emmenés ramasser des détritus dans un grand espace public. Ce sont des moments particulièrement porteurs et intéressants. D’abord parce qu’ils se rassemblent et ils éprouvent une véritable satisfaction dans cette action commune, assez joviale, au profit de la collectivité. Ensuite, ça répare leur image personnelle : tout à coup, ils se représentent en train de faire quelque chose de bien pour les autres. Ça les amène aussi à se réinscrire dans le corps social : là, pendant la récolte des détritus, on a croisé pas mal de promeneurs. Tous complimentaient les jeunes pour ce qu’ils faisaient, ils leur disaient que c’était vraiment bien, très responsable. Ça leur a permis d’être reconnus de manière positive par d’autres membres de la collectivité. »

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