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ACTUALITES / Inclusion sociale

Accompagner pour trouver des solutions

Intervenir chez les locataires du bailleur SIA qui ne peuvent plus payer leur loyer pour débloquer des situations et permettre à beaucoup de reprendre leur vie en main, c’est le travail mené sur le terrain par des professionnelles de La Sauvegarde du Nord.
Une journée avec elles pour mieux comprendre leur action.

« Oui bonjour, je suis travailleuse sociale et j’appelle pour Madame X » annonce Élodie, en haut parleur à côté de Madame. Au bout du fil, une opératrice d’un fournisseur d’énergie, qui l’invite à se connecter à son espace client. Seulement, et c’est un problème « qu’on rencontre tous les jours, et qui est une vraie violence pour les personnes dans un monde qui se déshumanise un peu » précise Élodie, Madame n’a pas internet. Ni de smartphone, et d’ailleurs, avec son petit téléphone à clapet, elle n’a même pas de crédit pour appeler. Non, ce qu’elle a en ce moment, « c’est des soucis ». Son mari est alité dans la chambre à coté, il revient d’une longue d’hospitalisation, et il faut trouver 1043 euros pour régler la facture. Plus les 450 euros de dettes du logement. C’est cette dette qui a déclenché l’accompagnement d’Élodie dans ce quartier de Escautpont, près de Valenciennes.

Avec Émilie et Marie, elles travaillent au sein du dispositif ASPI (Accompagnement Socio-Professionnel Individuel), qui existe depuis quelques années en partenariat avec SIA Habitat, un bailleur social particulièrement implanté sur le bassin minier. Avec 45 000 logements, il doit faire face à de nombreux impayés, qui se règlent plus ou moins facilement. Pour le plus comme pour le moins, tous les dossiers passent par le bureau d’Amélie, du service impayés de SIA Valenciennes : « Je suis là pour essayer d’empêcher qu’il y ait expulsion. Alors je regarde les difficultés, les différents critères, en prenant en compte la bonne ou la mauvaise volonté de la personne. Si il y a des leviers que l’on peut actionner, je passe le relais mais sans leur en dire trop. C’est aussi leur boulot de travail social de comprendre, de repérer des choses que nous on aura pas vu. Et tous les mois, on échange sur les dossiers, on fait le point. Et puis on est régulièrement en contact ».

Élodie, après 11 ans en protection de l’enfance, a développé quelques trucs pour les rencontres à domicile et pour essayer d’entendre les non-dits. « Ce qui me change le plus, c’est qu’ici, ils sont tous volontaires, et ils peuvent arrêter quand ils veulent. Et moi ce que j’aime, ce sont les rencontres et surtout quand on trouve des solutions. Il y en a plein ! Des formations, des boulots, des aides, on en trouve. Bien sûr, ce n’est pas facile, on a souvent affaire à des gens qui sont au chômage depuis très longtemps, qui n’ont même parfois jamais travaillé ». Et dernièrement, l’apparition d’un nouveau public, des retraités « qui galèrent avec des revenus très faibles. C’est sûr que ça interpelle, et on a moins de possibilités. On travaille avec le droit commun pour leur permettre d’accéder à des aides. Mais émotionnellement, parfois, c’est dur ».

Pour ces professionnelles qui interviennent au domicile et sont beaucoup sur la route, garder des liens entre elles est important. Un appel tous les soirs, des repas pris en commun comme ce midi. L’occasion pour Émilie de raconter sa colère sur un dossier mal pris en compte et qui a empêché un couple d’avoir un appartement qui aurait convenu à leur situation. Des histoires à s’échanger, il y en a tellement. Un monsieur au chômage depuis 15 ans qui a trouvé du travail dans sa rue, un jeune de 19 ans qui, faute de pouvoir s’acheter une voiture, a fait 3h de trajet aller à vélo et autant retour pour se rendre à son travail, et ce pendant plusieurs mois ! Une dame qui cherche à fuir un mari violent, un retraité dont les comptes sont gérés par la petite-fille et qui voit passer des commandes sur un célèbre site chinois, alors qu’il n’a pas internet. Autant de situations, de réalités qui sont traitées chaque jour par l’équipe.

Marie, elle, raconte son rendez-vous du matin « avec les croissants, je les ramène toujours quand c’est le premier rendez-vous de la journée. Madame a 1400 euros de dette de loyer, elle travaille 2h par jour, mais avec 3h de trajet. Et des enfants à charge mais dont certains sont adultes, salariés, et qui pourraient bien vivre leur vie ! Je n’ai pas toutes les informations encore, je commence tout juste à la connaitre. Mais elle veut s’en sortir et aimerait travailler dans la cuisine. Je ne vais pas la lâcher ! De toute façon, c’est comme ça que ça marche, on les appelle régulièrement, parfois, il faut être un peu directif. Mais il y a des démarches à faire pour s’en sortir ! Moi je leur parle comme si c’était des amis, on fait pas un diagnostic nous, on agit. Et quand ça marche, c’est toujours une belle victoire ».

Le dispositif ASPI se déploie actuellement, sur la Métropole lilloise et le Littoral. Autant de nouvelles réalités, autant de futures victoires.

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