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ACTUALITES / Protection de l'enfance

L’AEMO sans visite au domicile, un lien à réinventer

L’ Action Educative en Milieu Ouvert (AEMO) est un dispositif qui permet à des travailleurs sociaux, sur mandat du juge, d’intervenir au sein des familles, travailler avec les parents et les jeunes. Critères de danger, scolarisation, formation, évaluation, le travail passe par la rencontre. Mais aujourd’hui, ce travail se mène à distance. Travailleurs sociaux et familles sont confinées, il faut maintenir le lien, continuer à suivre les mesures, à construire la relation.

Sur la plateforme Maubeuge-Avesnes, que dirige Isabelle Delplanque, cela représente 529 mineurs au sein de 291 familles, avec une équipe de 27 professionnels. Un sacré exercice !

« D’abord, il a fallu récupérer tous les contacts, toutes les informations mais sans sortir les dossiers, ça c’est évidemment interdit. Et puis prévenir les familles. C’est tout bête mais maintenant qu’on les appelle depuis nos téléphones, on le fait en numéro privé et beaucoup ne répondent pas. Ça bouscule des habitudes, c’est certain ».

Pour les familles suivies depuis longtemps et avec lesquelles une relation de confiance est installée, les choses se passent assez facilement. Mais pour celles avec qui le contact est récent, cela peut-être plus complexe. Et le téléphone n’est pas l’outil idéal pour mener à bien l’évaluation, les travailleurs sociaux s’appuient aussi sur une observation visuelle. « Il faut réadapter le lien. Bien sûr qu’il y avait des habitudes, mais on continue, un peu en aveugle parfois. Et les besoins changent, de nouveaux apparaissent ». La volonté est alors de soulager un peu les familles, de les accompagner pour que tout se passe au mieux. Cela passe par la recherche de drives, de livraisons, pour soulager des parents qui n’ont pas internet, pas de véhicule et pour qui c’est un peu compliqué de faire les courses.

Il y a la volonté d’accompagner la scolarité, de dynamiser les journées, donner des occupations. Certains éducateurs organisent une tournée pour distribuer des coloriages, des jeux et bien sûr des leçons, à travers la boîte à lettres. Quand il y a un ordinateur relié à Internet à la maison, ce sont des conseils de visites virtuelles, de vidéos pédagogiques.

Les professionnels travaillent de chez eux, avec comme beaucoup de gens, une vie de famille à gérer en parallèle, ce n’est pas toujours facile ! Mais cela engendre de la solidarité, de l’écoute. Les appels et les visions s’enchainent, pour se donner des conseils, se soutenir, échanger sur des pratiques. Des outils collaboratifs ont été imaginés et mis en place, pour le suivi en ligne, le partage des comptes-rendu, et les évaluations de danger.

Toutes les situations sont complexes et certaines plus particulièrement. La maltraitance, les défauts de soin, les risques de passage à l’acte sont encore plus exacerbés dans cette situation de confinement et les travailleurs sociaux n’ont plus aucun relais pour les aider à évaluer le degré de danger d’où la nécessité de s’appuyer sur leur connaissance du milieu familial et sur la confiance qu’ils peuvent accorder aux parents . «Le partage des comptes-rendus est fondamental, on est jamais seul à évaluer, il faut co-porter la responsabilité, se réunir pour faire le point, en parler ». Parfois, une visite au domicile reste nécessaire, pour vérification, « dans ces cas-là, on appelle pour prévenir de notre passage, on reste sur le pas de la porte, on prend toutes les précautions. Mais je suis admirative de l’adaptation des professionnels. Il y a une continuité de la mission, une grande éthique de travail, avec une sacrée conscience professionnelle. C’est beau à voir ».

Le confinement, en l’état actuel des informations, est en cours jusqu’au 15 avril.

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