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4 grands témoins… Dr Muller

christian mullerJusqu’aux années 90, le suicide chez les jeunes n’a cessé d’augmenter. Puis les chiffres se sont tassés jusqu’au début des années 2000, à partir desquelles on a pu constater une reprise d’un certain nombre de comportements suicidaires. Il faut rappeler que ce sont les personnes âgées qui se suicident le plus, puis viennent les 15-24 ans.

Selon une étude récente (enquêtes ORS Alsace et Poitiers), 20% des filles et 10 % des garçons ont déjà tenté de se suicider. Le professeur Philippe Jeammet avance qu’un adolescent sur sept présenterait un problème de désespérance. La précarité sociale associée à l’isolement seraient par ailleurs facteurs de risques suicidaires très importants. L’âge de la première tentative de suicide serait en baisse. Il serait situé aujourd’hui autour de l’âge de 10 ans. En réalité, l’adolescent ne veut pas mourir. Il refuse un monde qui ne lui convient pas, qui n’a pas de sens à ses yeux. Ses comportements suicidaires seraient une manière de ne pas accepter en quelque sorte d’avoir à le supporter.

Dans les études faites sur le sujet, il faut cependant nuancer et distinguer les idées suicidaires, les comportements suicidaires, les tentatives de suicides et les suicides « qui ont abouti ». Force est de constater qu’il y a un manque de données dans la région sur ce point. Il est donc absolument nécessaire de développer la recherche épidémiologique sur ces questions. Parallèlement, pouvoir repérer rapidement le mal-être chez les ados revêt une importance primordiale et, en ce sens, des lieux comme la Maison des adolescents sont particulièrement précieux.

L’existence, à Lille, du Conseil local de santé mentale, dont Martine Aubry a favorisé la mise en place, est à saluer. Pour autant, il faudrait que ce Conseil local de santé mentale se transforme en un Conseil de santé (tout court), car la santé des jeunes ne doit pas être uniquement perçue via le prisme de la santé mentale. Enfin, il est nécessaire de multiplier les dispositifs d’accueil des jeunes car il n’y a finalement pas beaucoup d’endroits pour accueillir en urgence un adolescent (les quelques établissements existants sont saturés) et il faut faire en sorte que ces établissements soient articulés avec les acteurs du monde social et les médecins généralistes.

Christian Muller est médecin-psychiatre, à l’EPSM agglomération lilloise. 

  

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